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Les professeurs des écoles de Pays Pourri : piliers de l’éducation et bâtisseurs d’espoir.
Article rédigé en mars 2025
« L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde. »
Ces mots de Nelson Mandela, prononcés en 2003 à Johannesburg, résonnent encore aujourd’hui. Partout, l’éducation façonne l’avenir, et cette immense responsabilité repose sur les enseignants. À Pays Pourri, en Haïti, des professeurs passionnés se battent chaque jour pour transmettre le savoir, malgré des conditions précaires et un manque criant de moyens. À travers cet article, partez à la rencontre de ces héros de l’éducation qui, malgré les obstacles, continuent d’enseigner avec détermination et espoir.
Un choix concret et symbolique
Prenons un instant pour contextualiser la situation en Haïti. Ce pays est considéré comme le plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes. La précarité touche l’ensemble du territoire, y compris le système éducatif, où enseignants et écoliers tentent malgré tout de progresser. Nous savons que le métier d’enseignant n’est pas facile : il exige une grande capacité émotionnelle, un sens aigu des responsabilités et la gestion d’un stress constant. Il est parfois même victime de critiques. Mais à Pays Pourri, la situation est encore plus complexe que pour les enseignants en France, par exemple. Alors, pourquoi ces hommes et ces femmes ont-ils choisi d’enseigner en Haïti, malgré les difficultés ?
- Jackson, professeur et directeur de l’école de Pays Pourri, nous confie : « Je suis Haïtien. J’ai choisi d’enseigner en Haïti afin de contribuer et former les citoyens de mon pays. Car c’est grâce à l’éducation que l’on peut bâtir l’avenir. Si personne n’enseigne, qui formera les citoyens de demain ? C’est pour cela que j’ai choisi d’être enseignant en Haïti, et plus précisément dans cet établissement, car je suis originaire de cette zone. Je veux contribuer à ma localité et aider les enfants... »
- Jean-Charles, professeur dans cette école depuis huit ans, explique :
« Je suis Haïtien, donc il est logique pour moi de me battre pour ma localité. Si j’étais né dans un autre pays, je me serais battu pour son éducation. Mais je suis Haïtien et de cette région, alors j’enseigne ici, dans cette école mixte que j’apprécie. »
Des conditions d’enseignement difficiles
Les enseignants haïtiens se confrontent quotidiennement à un manque criant de ressources. Les conditions matérielles sont souvent précaires : les salles de classe sont rudimentaires, les manuels scolaires sont rares, et les salaires des enseignants sont bien en dessous de ce qui serait nécessaire pour assurer une vie décente. À ces difficultés matérielles s'ajoute un problème majeur au niveau de la formation des enseignants. En effet, celle-ci est souvent insuffisante, ce qui a un impact direct sur la qualité de l’enseignement et sur la capacité des professeurs à s’adapter aux besoins pédagogiques des élèves.
Dans ce contexte particulièrement difficile, nous leur avons posé la question suivante : « Qu'est-ce qui vous motive à continuer dans ce métier malgré les conditions difficiles ? »
- Jackson : « Pour moi, c’est l’éducation qui nous transforme (…). Et malgré les conditions, nous essayons de nous motiver pour contribuer à l’éducation. Nous faisons tout notre possible pour transmettre notre savoir aux enfants afin qu’ils deviennent de bons citoyens. Malgré les difficultés, nous devons continuer, car c’est le rôle de l’éducation de transformer les enfants. »
- Jean-Charles : « L’éducation est le moteur de toute nation. La motivation, c’est l’amour. Malgré les difficultés, il faut toujours avoir cet amour pour travailler dans l’éducation. Les obstacles ne nous arrêteront pas (…). Je continuerai toujours à enseigner aux côtés des enfants, car ma motivation, c’est l’amour de transmettre. »
L’espoir porté par les enseignants
Malgré les obstacles, ces professeurs gardent espoir et croient en leurs élèves. Leur plus grande satisfaction ? Voir leurs étudiants progresser et rêver d’un avenir meilleur. Pour mieux comprendre ce qui les motive, nous leur avons posé la question suivante : «Quels événements ont renforcé votre vocation d’enseignant ? ». Cette question cherche à savoir quel événement ou quelle expérience les a poussés à consacrer leur vie à l’enseignement, malgré les difficultés quotidiennes.
- Rosalvard nous dit à ce sujet « D’après moi, plusieurs éléments renforcent ma vocation d’enseignant, mais il y en a un en particulier qui m’a profondément marqué. Peut-être que cette histoire ne semblera pas très pertinente aux yeux de certains, mais pour moi, elle a une signification immense. Il y a deux ans, j’ai voulu tester la réaction de mes élèves en leur annonçant que je comptais faire une pause dans mon travail. Ce n’était pas sérieux, juste une sorte d’expérience pour voir leur réaction. Mais à ma grande surprise, dès qu’ils ont entendu la nouvelle, ils se sont tous mis à pleurer sans arrêt. Ils refusaient l’idée d’être séparés de moi. Ce jour-là, j’ai compris que je n’étais pas seulement un professeur qui fait son travail en attendant son salaire à la fin du mois. J’étais bien plus que cela : un guide, un repère, une source d’inspiration pour eux. J’étais quelqu’un sur qui ils pouvaient compter, un ami, presque un père pour certains. Il y a de nombreuses raisons qui me poussent à continuer dans cette voie, mais ce moment précis a été un véritable déclic pour moi. »
Comment pouvons-nous les aider ?
Les professeurs haïtiens ne demandent pas l'impossible. Ils ont besoin de ressources de base comme du matériel pédagogique, des formations continues pour améliorer leurs compétences, et des salaires plus justes pour pouvoir vivre dignement. Ces améliorations simples, mais essentielles, pourraient transformer en profondeur le système éducatif en Haïti et offrir aux élèves un environnement d’apprentissage bien plus propice à leur développement.
Rosalvard partage son point de vue :
"L’éducation est l’un des leviers les plus puissants pour transformer un pays, et en Haïti, elle a besoin de toutes les énergies possibles. Contribuer à son amélioration, c’est investir dans l’avenir de toute une nation. Il ne s’agit pas seulement d’apporter des ressources, mais aussi de partager des compétences, des idées et de s’engager dans des actions concrètes. Chaque geste compte, qu’il s’agisse de soutenir les enseignants, de faciliter l’accès à des outils pédagogiques ou de créer des espaces où les jeunes peuvent s’exprimer et s’épanouir."
Ainsi , bien que le soutien financier soit important, d’autres formes d’aide peuvent être tout aussi précieuses, par exemple :
• Formation et accompagnement : Offrir des formations aux enseignants pour améliorer leurs méthodes pédagogiques et intégrer les nouvelles technologies dans l’apprentissage.
• Ressources éducatives : Fournir des manuels, du matériel scolaire, des jeux éducatifs et des outils numériques adaptés.
• Création d’espaces éducatifs : Encourager la mise en place de bibliothèques, de clubs de lecture ou d’ateliers complémentaires à l’enseignement traditionnel.
Ainsi, les enseignants de Pays Pourri luttent chaque jour pour offrir un avenir meilleur à leurs élèves, malgré les nombreux défis. Leur engagement montre que l’éducation est un combat quotidien, mais essentiel, pour bâtir un avenir plus juste. Soutenir ces professeurs, c’est investir dans l’avenir d’Haïti et de ses générations futures.
Réalisé par RHIA Nisrine - bénévole de l’association
ETE 2023 : un séjour en Haïti sous le signe d’une rencontre familiale particulière et des premières collaborations avec les locaux.
Pour la troisième année consécutive, Rosemitha, la fondatrice et présidente de l’association, est retournée en Haïti, à ses propres frais, afin de passer du temps avec sa famille biologique et de superviser les actions de l’association. Cet été a été particulier car Véronique Pimont, sa mère adoptive et trésorière de l’association, l’a accompagnée dans ce voyage. Pour la première fois, ses deux familles se sont rencontrées.
Rosemitha a réalisé un documentaire sur cette rencontre, ainsi que sur la mise en place des deux actions concrétisées cet été, et la préparation de nos futurs projets en collaboration avec les acteurs locaux. Le film sera diffusé au cours de l’année 2024 à Lille, Rouen et Paris, accompagné d’une exposition photographique sur la population et l’environnement de la ville de Pays Pourri.
Ces deux projets artistiques, axés sur le thème de la rencontre interculturelle, ont pour objectif de faire découvrir l’histoire personnelle de la fondatrice en lien avec son adoption, tout en mettant en lumière les projets de l’association et la ville de Pays Pourri, son lieu de naissance
Fête de fin d’année à l’école
Chaque année, avant les vacances de Noël, le directeur organise une petite fête dans l’école pour célébrer la fin d’année. Chant, danse, récitation de poésie, repas : les écoliers profitent à cœur joie de ce moment festif avec les professeurs et quelques parents.
En 2022, l’association a pu contribuer au financement de cet événement.
Été 2022 : de retour en Haïti.
Pour la deuxième fois depuis mon adoption, je suis retournée dans mon pays d’origine. Cette fois-ci, en plus de passer du temps avec ma famille biologique, j’ai également passé du temps à Pays Pourri pour voir la mise en place des actions l’association et passer du temps avec les écoliers et les professeurs.
J’ai relaté mon séjour là-bas sur le compte Instagram de l’association. 25 images et 9 petits textes et 2 vidéos pour vous partager ce que j’ai vécu. Journées de formation des professeurs, célébration de la première année de l’association avec les élèves et nuits dans l’établissement : je suis repartie avec plein de souvenirs et de motivation pour continuer à faire vivre le projet.